Le point sur le règlement GSR2

GSR2 ou General Safety Regulation V2, vous en avez sans doute entendu parler, mais qu’est-ce que cela veut dire exactement ? Dans cet article, nous allons tenter de synthétiser les principales problématiques avec un focus particulier sur les impacts en matière de carrossage des véhicules.

Introduction

Le règlement GSR2 est un ensemble de règles adoptées par l’Union européenne pour améliorer la sécurité des véhicules neufs. Il s’inscrit dans la volonté de réduire les accidents de la route et d’atteindre l’objectif Vision Zéro, qui vise à réduire à zéro le nombre de morts et de blessés graves sur les routes européennes d’ici 2050.

Les exigences principales du règlement

Depuis juillet 2022 pour les nouveaux modèles et juillet 2024 pour tous les nouveaux véhicules, les technologies suivantes sont obligatoires dans les voitures, les utilitaires, les bus et les camions :

Pour les voitures et les utilitaires légers :

  • Freinage d’urgence avancé (AEB) : Capable de détecter piétons et cyclistes.
  • Assistance intelligente à la vitesse (ISA) : Avertit ou limite la vitesse selon les limites en vigueur.
  • Systèmes de maintien dans la voie (Lane Keep Assist).
  • Détection de fatigue et de somnolence du conducteur.
  • Détecteurs de recul pour prévenir les accidents en marche arrière.
  • Boîtes noires (Event Data Recorders) : Enregistre des données liées aux accidents pour analyse.

Pour les poids lourds et les bus :

Vision directe améliorée pour les conducteurs, réduisant les angles morts.
Améliorations structurelles pour réduire les blessures en cas de collision.
Systèmes avancés de détection des piétons et des cyclistes autour du véhicule.

Impact sur le secteur automobile

Les garages et les professionnels de la maintenance automobile devront s’adapter à ces nouvelles exigences en :

  • Formant leurs techniciens aux nouvelles technologies embarquées.
  • Investissant dans des outils et équipements adaptés pour l’entretien et le diagnostic de ces systèmes avancés.
  • Assurant une maintenance rigoureuse des dispositifs de sécurité pour garantir leur bon fonctionnement.

Les points qui nous concernent en tant que carrossier

Trois éléments de sécurité retiennent particulièrement notre attention en tant que carrossier:

  • R158 Système de Visibilité et de Détection Arrière
  • R159 Système d’Information de Départ (MOIS)
  • R151 Système d’Information sur les Angles Morts (BSIS)

Les impacts sur le carrossage des véhicules

De manière générale, le carrossier COP doit s’assurer que les capteurs soient étalonnés avant de finaliser l’homologation d’un véhicule. C’est logique, car la plupart du temps nous rajoutons du poids sur les véhicules ce qui modifie les angles de vision. Nous procédons parfois aussi à la découpe du porte-à-faux arrière ou à son rallongement; parfois encore, nous élargissons les structures pour répondre aux besoins de nos clients.
Sur papier, rien d’extraordinaire; mais dans la pratique, c’est beaucoup moins évident. Ci-dessous quelques raisons (liste non exhaustive)

Chaque marque a réagi à sa manière à l’implémentation de la norme, notamment en matière de fourniture et placement des éléments de sécurité. En effet, certaines marques proposent de fournir la caméra et/ou les capteurs de recul dans les véhicules, d’autres proposent de commander les pièces par l’intermédiaire du magasin de la concession. D’autres marques fournissent la caméra mais pas le support ou fournissent encore la caméra sans le câblage.

Il est d’autant plus difficile de s’y retrouver que les concessionnaires eux-mêmes ne sont pas toujours informés des dispositions.

Lorsqu’une partie du matériel nous est fournie, il est parfois difficile / voire impossible de nous fournir des éléments manquants. Cocasse me direz-vous ..

Le règlement GSR2 nous impose de nous équiper d’éléments de calibration. Notamment en matière d’angle de vision de la caméra arrière. Le règlement nous impose un contrôle strict du montage des éléments de sécurité. Cela implique de nous équiper de certains éléments de calibration (ex: poteaux de 80cm de haut sur 30cm de diamètre).
Pour se fournir ce type d’équipement, il a fallu faire preuve d’un peu de créativité car rien n’existe dans le commerce.

Les véhicules qui nous sont livrés directement depuis l’usine arrivent parfois/souvent en mode « transport »/logistique ». Ce mode « veille » existe en vue de minimiser la consommation d’électricité et conserver le maintien des batteries 12v. Cela implique que certains consommateurs ne sont pas alimentés ou que le véhicule ne puisse pas rouler à plus de 30km/h.
Cela peut générer de grosses lenteurs dans la prise en charge car il nous est parfois impossible de contrôler les angles de visions de la caméra. Nous devons alors faire appel à une concession de la marque afin de procéder à la « mise à la route » informatique des véhicules lorsqu’il n’existe pas de procédure simplifiée (ex: klaxonner + baisser les commodos pendant 3sec, ..).
Se fournir d’un ordinateur de chaque est tout simplement un investissement inconsidérable (prix d’achat, formation du personnel,…) ; encore faudrait-il que les marques nous y autorisent l’accès.

En toute logique, il revient au carrossier COP qui monte une structure de s’assurer que les tests réalisés dans le cadre de la procédure d’homologation soient conformes et que les capteurs soient tous calibrés sur base des éléments de structure. Néanmoins, en pratique, si l’on veut être totalement conforme, nous devrions demander aux concessionnaires de procéder à l’étalonnage de tous les capteurs avant de confirmer que nos tests sont conformes à la réglementation.

Dans les faits, c’est beaucoup plus complexe; cela génèrerait beaucoup de lenteur et de cout de transport supplémentaires … à une situation déjà complexe.

Conscient de cette situation et des problèmes potentiels que cela peut générer. Le SPW (compétence régionalisée) a décidé d’autoriser les carrossiers à procéder aux tests des capteurs sans que l’étalonnage des capteurs soit réalisé. Néanmoins, il revient au carrossier de s’assurer que les capteurs soient étalonnés avant la livraison au client final. OUF …
In fine, c’est ça qui compte..


Conclusion générale

Restons optimistes, le règlement GSR2 est une réelle avancée en matière de sécurité. Les quelques ratés inhérents à l’instauration d’une nouvelle norme, ne doivent pas entacher cet objectif louable.
Comme pour chaque innovation, il faudra un temps pour s’adapter et modifier les outils et procédures.
Ces nouvelles contraintes offrent aussi une opportunité pour les carrossiers qui sauront s’adapter. En se positionnant comme des experts en systèmes de sécurité avancés, ils peuvent attirer de nouveaux clients et répondre aux besoins d’un marché en pleine mutation. C’est une façon de s’assurer de la qualité des intervenants tout en protégeant notre métier.

En résumé, les règlements R151, R158 et R159 exigent des compétences techniques accrues et une adaptation aux nouvelles technologies, mais ouvrent aussi la voie à une modernisation des pratiques du secteur.

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